Gonzague Dambricourt

Opération Convoyage : le 737 de Transavia

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Je sais que je commence un peu toujours mes articles pareil quand il s’agit de relater des choses que je considère assez extraordinaires. En effet ce n’est pas tous les jours qu’on te propose d’aller chercher un avion à sa sortie d’usine
C’est pourtant ce que Transavia m’a proposé il y a quelques semaines : aller chercher leur tout nouveau Boeing 737 à l’usine de Renton (Seattle) où il a été fabriqué.

Car oui, comme quand on achète une BMW, une Audi.. on peut (enfin même on doit) aller le chercher à l’usine. Chez Boeing, où Transavia a toute sa flotte (63 avions répartis entre Paris, Amsterdam et Munich), c’est plutôt bien organisé!

Après un vol Paris – San Francisco sur AirFrance puis San Francisco – Seattle sur Delta, nous voici à Seattle. Première nuit de sommeil pas très réussie avant laquelle un burger s’imposait.. presque.

Le lendemain matin, tout part de l’hôtel où la navette affrétée par la marque nous attend sagement. Le moteur ronronne. Les suspensions sont un peu .. rustiques et ça secoue sur le chemin mais ce qui nous attend à l’arrivée vaut le coup.

On apprend sur le chemin que la région est un sacré berceau d’emploi avec la proximité de Microsoft (Redmond), Amazon, Booking.com etc. Et que Paul Allen, l’un des fondateurs de Microsoft justement vit sur une île pas très loin.

Quelques minutes dans l’immense van passent et nous voilà à destination :

Nous voici arrivés au Boeing 737 Configuration Studio. Là où prospects & clients de la firme viennent choisir les composants de leur avion. C’est presque une concession automobile : on peut sélectionner les sièges, leur matière, le système d’éclairage du plafond, les coffres à bagages, les équipements à bord.. la liste est longue.

Les clients qui sont en visite le jour de notre passage sont affichés dans l’entrée:

On se retrouve donc avec la compagnie soeur : Air France. C’est parti pour la visite avec la présence notamment de EnCore Interiors, Zodiac Aerospace :

Quand on était petits on jouait aux legos et à la dinette, voici la version adulte : on choisit les accessoires que l’on désire dans son “galley” entre de multiples machines à café, des bouilloires, des micro-ondes, des fours à vapeur .. tout y passe y compris les fameux trolley qui sont devenus des objets de décoration pour certains. Il s’agit tout de même de ne pas se rater en choisissant tel ou tel équipement puisqu’ils sont amenés à servir quotidiennement et pendant des années.

Le choix des sièges est aussi primordial c’est tout de même ce qui se voit de plus en entrant à bord d’un avion.. et ce qui joue sur le confort des passagers. Difficile équilibre entre le nombre de places que l’on souhaite pouvoir offrir / vendre et la qualité du voyage. Notre avion par exemple sera équipé de 189 sièges.

Dans le Configuration Studio, Boeing dispose d’un morceau de cabine de 737 équipé de son système Sky Interior, un ensemble de lumières LED contrôlées par un écran tactile avec différentes ambiances préprogrammées (et personnalisables), le but c’est de pouvoir par exemple profiter des couleurs et intensités possibles pour la nuit, le repas, etc. En y amenant tel ou tel tissu on peut donc se “projeter” sur le rendu qu’aurait un choix dans un vrai avion.

Dans les Boeing de Transavia, les sièges sont aux couleurs.. enfin à la couleur de la boite c’est à dire vert. Pas forcément joli mais reconnaissable. Les avions les plus récents de la flotte Transavia sont d’ailleurs équipés du “Sky Interior”.

Evidemment comment parler de sièges sans aborder le fait qu’on puisse avoir tout un tas de formats de sièges, du classique siège “classe économie” aux plus luxueux ensembles :

On note aussi la présence d’acteurs comme Thales pour ce qu’on appelle l’IFE (In Flight Entertainement) c’est à dire les écrans et serveurs de contenus que l’on retrouve dans les avions. Les compagnies aériennes sont de plus en plus réticentes à déployer ces systèmes sur les avions parcourants de petites distances (et en économie) en raison de leur coût astronomique.. et de la vitesse à laquelle ils sont dépassés.

La tendance est plutôt au WiFi à bord (on en parlait ici), pour que les clients utilisent leurs propres appareils (smartphones, tablettes et ordinateurs). C’est une économie double : financière ET sur le poids de l’appareil donc d’une certaine façon sur sa consommation de carburant.

Petit passage par le hall du studio où on nous présente deux maquettes, l’une d’un avion qui tient plus de la “vision” et l’autre du fameux Dreamliner :

Puis vient le moment d’entrer dans une salle immense, vous allez vite comprendre la raison de sa taille..

Notre hôte(esse) nous explique que pour vraiment bien montrer les cabines d’avions aux clients, ils ont décidé d’en faire .. en taille réelle. Et nous montons donc à bord d’un Boeing 787 :

Et là.. oui on est vraiment comme dans un avion entier ce qui est très surprenant. On en aime ne pas avoir à passer les frontières et contrôles de bagage.. Pour visiter cette maquette taille réelle! Les diverses classes de voyage que l’on retrouve sur le long courrier sont représentées avec l’économie, la business déclinées en plusieurs variantes (mais pas de première).

Il est temps d’entrer dans un 737, l’avion que l’on est venus chercher :

Evidemment, c’est plus.. petit puisqu’il n’y a qu’une allée centrale et non deux, et que l’avion ne fait pas la même longueur que son grand frère.

En sortant de cette maquette on passe à côté d’un simulateur de vol que nous n’avons – à mon grand regret – pas eu l’occasion d’essayer :

Cette partie conclut le début de notre journée qui se poursuit l’après midi par une visite de l’usine de Renton où sont produits les .. très nombreux 737 vendus à travers le monde : 7124 ont été commandés et déjà 5834 livrés à 143 clients différents.

Et pour livrer tout cela, ils sont forts productifs dans l’usine puisqu’ils font pas moins de 42 avions chaque mois! C’est juste impressionnant. Un chiffre qui devrait même monter à 56 (si j’ai bien suivi) d’ici deux ans.

A l’extérieur de l’usine on trouve les fuselages en attente de greffe : il leur manque les ailes, les équipements, les trains d’atterrissage bref … ils ne sont pas encore prêts à voler.

On entre et se munit des obligatoires casques et lunettes.

Et là c’est le départ d’un petit marathon à travers les coursives qui bordent un immense entrepôt où les différents “shifts” (au nombre de trois) se relayent pour produire ces oiseaux de fer.

Pendant notre visite c’est drôle à quel point Boeing a tenté de convaincre Nathalie Stubler, la récemment nommée PDG de Transavia, d’acheter des Boeing 737 “Max” … l’évolution du 737 .. plus économe en carburant, etc etc mais aussi .. plus chère.

Evidemment on ne serait pas aux USA sans un joli petit drapeau qui va bien :

Encore quelques photos de 737?

Passons à quelque chose de plus spécifique à notre visite : un 737 en train d’être préparé pour Transavia. Ce n’est pas le modèle précis que nous venions chercher mais un avion qui sera livré prochainement. Après ses 9 jours en usine, cet avion aura à faire un vol d’essai Boeing (référence B1) puis les vols d’essai client (C1, C2..) :

C’est grisant de pouvoir visiter à sa guise ce grand appareil, qui n’a pas encore vu le monde et dont tous les composants doivent être minutieusement vérifiés, installés, inspectés.

D’ailleurs on nous a expliqué que tous les outils utilisés par les salariés de Boeing (dans l’usine) sont listés et consignés et qu’à chaque fin de “shift”, tout doit être vérifié pour ne jamais oublier un outil quelque part dans un avion.

Suite à cette visite vraiment cool (et .. de près, c’est rare de monter dans un avion en construction), on a enchainé sur un diner un peu cérémonieux durant lequel .. avec le décalage horaire j’aurais bien dormi la tête dans mon assiette. zzzZZzzz.

D-DAY 

Et non ça n’est pas pour parler du débarquement mais du “Delivery Day“, le jour de la livraison.

Petit déjeuner à l’hôtel, le temps d’ingurgiter un plat américain totalement diététique et léger et nous revoilà à bord du van. Quelques minutes de trajet pour digérer en rebondissant au rythme des irrégularités de la route et zou nous voici débarqués au “Museum of Flight” qui contient un nombre impressionnant d’avions tous plutôt incroyables mais dont beaucoup étaient inaccessibles (notamment un Concorde).

Par chance nous avons pu accéder au premier “Air Force One” qui fut en service de 1955 à 1996 :

C’était aussi accompagné d’une réplique de navette spatiale, d’une capsule Soyouz.. bref une visite pleine de surprises et de choses à voir malgré la fermeture pour travaux de la majorité des avions.

Suite à un passage à la boutique Boeing (oui, après vous avoir vendu un avion à quelques millions de dollars, il faut bien vous refourguer un petit crayon et des autocollants), je trouve aussi un sac à dos parfait pour aller au travail. On notera les petites ailes, parfaites pour stabiliser la vitesse lors de la pratique du vélo.

Puis est venu le moment d’aller au Boeing Delivery Center, le lieu créé spécialement pour remettre des avions aux clients. Rien que ça. Et pour couronner le tout c’est à côté de la piste d’avion .. qui a pour nom Boeing Field. Je ne sais pas si Airbus a un aéroport à son nom mais c’est la classe.

Bon là bas il ne faut pas espérer se pointer le sourire aux lèvres “coucou je viens juste chercher mon avion et je repars“. La procédure est en fait plus complexe que ce que je raconte : plusieurs jours avant notre arrivée à Seattle, une équipe d’experts de chez AirFrance & Transavia sont eux même arrivés pour faire une série de tests et d’inspections de l’avion.

Ces formalités ont pour but de valider que le produit soit conforme à la commande et tant que faire se peut exempt de défauts. Un des membres de l’équipe en charge de cette mission nous a montré quelques problèmes mineurs qu’il signale donc à Boeing avant la réception de l’avion en transmettant une liste de “réserves”.

Après un déjeuner .. face à l’avion, nous sommes allés assister à la signature des documents de remise de l’avion. Une signature tripartite entre Boeing, Transavia et Air Lease Corporation la société qui fait le leasing du 737.

Suite à cette partie très administrative, le fabriquant remet à l’acheteur les clefs de son appareil :

Et là, plein de curiosité nous avons demandé si les clefs servaient à quelque chose. Il se trouve qu’elles sont symboliques .. ^^ on ne démarre donc pas un avion avec cette clef.

Notre visite a continué par un passage en briefing room où les pilotes préparaient le vol à venir :

Puis descente sur la piste du Boeing Field pour la cérémonie de coupure du ruban d’inauguration!

Toute l’équipe Transavia prend la pose!

Après ce moment un peu solennel et quelques discours, nous sommes autorisés à nous balader autour de l’avion pour faire nos photos, et on en profite !

Un petit tour dans le réacteur?

Je ne m’étais jamais assis sous un avion alors .. j’en profite:

Quelques temps après viendra l’heure d’embarquer. Nous allons nous envoler vers l’Islande où l’avion – qui n’est pas prévu pour les vols long courrier d’une traite – fera le plein de carburant pour ensuite rallier Paris Orly, la base d’opération de Transavia France.

Les pilotes sont encore en train de faire les diverses vérifications liées à la mise en route de l’avion (si vous voulez vous faire une idée de ce que ça se représente regardez cette vidéo très instructive).

Comme je le disais, Transavia ne lésine pas sur le vert. Un caméléon se sentirait presque dans son élément ici :-p La sécurité de l’aéroport coche sa petite liste de départ avec le nom des personnes à bord puis on ferme la porte de l’avion.

Prêts à partir. Au sol, les salariés Boeing saluent le départ :

On survolera ensuite Seattle et Bellevue sur le chemin :

A bord, l’équipe technique s’est aménagé sa “Dark Zone” (coucou les fans de The Division) et c’est ambiance sommeil :

De notre côté nous sommes excités comme des puces et tous contents de participer à cette expérience!

Un peu plus tard on se serait cru en business. .. ^^

Le vol continue, la nuit tombe sur le ciel ..et nous croiserons des aurores boréales à l’approche de l’Islande. Souvenir magique mais difficile à capturer à travers un hublot.

Dans l’avion nous sommes comme de grands enfants, avec la complicité du sympathique steward, nous participons au service du diner et d’une coupe de champagne pour fêter l’arrivée du beau bébé tandis que l’un d’entre nous que je ne dénoncerais pas fait de fausses annonces aux “passagers”. “Ladies and gentleman we are approaching our destination where the weather is fair

Puis hop, atterrissage à Keflavik (KEF), l’aéroport commercial principal de l’ile.. qui en compte tout de même 98. Ca fait presque un aéroport pour 2 habitants. Bon ok j’exagère ils sont 330 000 habitants.

A nos côtés .. et partout sur cet aéroport, un avion d’Icelandair. Equipé du WiFi comme on peut apercevoir le petit radôme.

On fait le plein.. puis les pilotes remettent la machine en marche!

Le ciel est magnifique et même si mon corps me dit de dormir encore un peu.. je prends des photos..

Quelques heures plus tard nous arriverons à Paris Orly, où nous reprendrons nos vies normales tandis que l’avion voyagera jusqu’à Bruxelles pour être équipé de son “EFB” pour Electronic Flight Bag, sorte de mode d’emploi électronique de l’avion (bon je fais ici un gros raccourci).

J’ai pu faire l’atterrissage dans le cockpit :

Au sol, les équipes de Transavia France sont passées réceptionner le nouveau venu.

Nous nous séparons, heureux d’être à la maison, fatigués et contents de cette expérience!

Dans l’aéroport on voit – déjà nostalgiques – notre vol affiché :

Dans quelques jours cet avion commencera à desservir les 160 destinations de la flotte Transavia avec la soixantaine d’autres déjà en possession de la société:

Cela ne sera pas de trop puisque le T vert ajoute cette année 35 destinations à son portfolio!

Encore merci à Transavia et AirFrance KLM pour cette opportunité unique 🙂

J’ai fait le voyage avec Flavien et Alexandre de Flight Report, Philippe Lefebvre de Radio France, Thierry & Cécile de Transavia.. merci à eux pour leur bonne humeur qui a rendu le voyage encore plus sympa.

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