Gonzague Dambricourt

Le train m’inspire

C’est drôle

Le train m’inspire.

Ce gros porc qui mâche son chewing-gum en face de moi en remuant nerveusement ses mains m’énerve. Il regarde un film sur son ordinateur, on pourrait presque suivre le film tellement c’est fort dans ses écouteurs.

Je suis parfois difficile, peu tolérant. Au cinéma c’est pareil avec les gens qui mangent du pop-corn. Ces bruits qui viennent perturber le film, le son. Beurk.

Je reste calme – car après tout je fais aussi du bruit involontairement -mais ils me démangent. Me dérangent. Que c’est égoïste….

Au point de devoir occulter sa bouche avec ma main, de passer pour un type dérangé. Au point de monter le son à un volume me rendant sur de ne plus l’entendre, ne plus le percevoir. M’isoler.

Et pourtant le train m’inspire.

Je vois, j’entends. Les gens qui parlent, qui pleurent, qui sourient, qui lisent, s’adonnent à tout type d’activité.

Pour neuf euros vingt, un spectacle (façon de parler bien sûr. Ce n’est pas un regard hautain sur les choses, juste le fait d’observer un peu autour de soi) d’une heure dix entre Amiens et Paris ou entre Paris et Amiens. La place n’est pas très cher payée, ils font même des réductions pour les jeunes et les plus vieux. Son stéréo vous débitant la voix monotone du contrôleur, lumières en fin de vie qui vous éclairent de façon alternative. Les fenêtres qui laissent défiler le paysage sous vos yeux.

Parfois cette contemplation est un peu gâchée par la bande de cinq ou six jeunes qui font tout pour se faire remarquer ou déranger les autres passagers. Personne ne dit rien. Moi non plus.

Le train m’inspire. M’isolant tantôt dans la rédaction d’un document pour le travail ou dans un film, parfois j’enlève le casque, les écouteurs. Mine de rien, j’écoute. Tapotant quelques trucs sur mon clavier, je pratique l’eavesdropping

La vie par procuration? Peut-être pas mais parfois c’est agréable d’avoir une oreille un peu indiscrète. Parfois vous appréciez d’entendre une belle histoire, parfois vous subissez les paroles cet homme qui n’a aucun respect pour sa compagne avec une certaine envie de lui faire la morale.

Un concentré de paroles, de sentiments et d’idées. Le tout en mouvement. Le métro est tout différent, c’est noir et les gens n’osent pas se dévisager.

J’ai beau pester régulièrement contre la SNCF, j’adore le train 😉

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