pendant que quelqu’un m’annonce qu’il cherche à nouveau du travail, je t’entends te saisir du téléphone de ta chambre.
c’est un petit peu long, tu as de sacrées mains et des articulations qui ne sont plus toutes jeunes.
je t’avais entendu dire au loin “c’est gonzague?” deux ou trois fois avant que tu entendes bien la réponse.
oui, c’est moi. ça fait longtemps que je n’ai pas appelé et j’ai raté le jour de ta fête. nul ton petit fils hein?
il y pense pourtant, à son grand père, seul parmi les autres résidents. perdant peu à peu la mémoire mais qui n’oublie pas sa famille. dont le fils et la femme sont les visiteurs les plus fréquents.
un peu étonné que tu te rappelles, je t’entends demander “tu te plais toujours à Paris?”. bien sûr que je m’y plais. si on met à part le comportement imbuvable de la plupart des habitants, c’est une ville animée, ça me manquait. c’est juste un peu loin de ma petite famille..
puis vient la question qui refait souvent surface et à laquelle mes réponses sont pour le moins décevantes en général : “tu reviens quand à wimereux?”
j’annonce que ce weekend je serais là et tu me réponds tout doucement une phrase que je n’oublierais pas “tes visites sont celles qui me font le plus plaisir“.
à retardement, sur mon visage, coulent les larmes d’émotion que j’aurais du avoir en te parlant au téléphone, pendant ma pause déjeuner.