Gonzague Dambricourt

Capharnaüm

“Maman, je reviens à la maison ce weekend”
“ok mais tu ne pourras pas dormir dans ta chambre”
“ah pourquoi ?”
“on refait la chambre de ton frère”

Je reviens le vendredi soir, je dîne.
Je monte silencieusement au troisième étage (ils me sont pour ainsi dire attribués : à Amiens, à Wimereux et à Luxembourg je logeais au troisième étage).

En entrouvrant doucement la porte de ma chambre, j’aperçois alors une reproduction fidèle de Capharnaüm. Cauchemar : l’invasion du semblant d’espace personnel restant.

Le lit de mon frère est dans ma chambre ainsi qu’une grande partie des jouets qu’il a hérité de ses trois frères et soeurs. Je ne sais même plus où me mettre.

Intervient alors un déménagement discret de tout ce qui se trouve sur mon lit. Oui, si je reviens chez les parents j’aime quand même dormir dans mon lit….

Martin dort. Paisible et souriant.

Le grand frère aura eu raison du geek, je ne sors pas le Macbook du sac pour ne pas le réveiller, après tout je viens de virer une trentaine de kilos de jouets et de livres de mon lit, c’est déjà pas mal.

Je me couche, serein . J’ai de la chance : il ne ronfle pas. C’est le genre de trucs qui me gêne pour m’endormir.

Le lendemain, réveillé par le “nimbus” comme on l’appelle, j’apprends qu’il est 7h et qu’il va partir à l’école. “Je dois m’habiller” dit-il presque en attendant mon approbation.

La voix de Jabba le Hut, plongé dans son lit sous sa couette, lui répond “ouiiiiii ouiiii vazzy zzzZzzzZ”.

Plus tard, après avoir retraversé ma chambre qui s’apparente à une version soft de Bagdad – et encore c’est sans parler du reste de l’étage – il me confiera que je parle la nuit. Et il parait que j’articule bien.

J’espère que je n’ai pas dit trop de bêtises, il aime bien répéter ce qu’il entend dire….

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