Cette semaine j’ai eu l’occasion de faire un vol Paris-Genève-Paris (enfin ça veut donc dire 2 vols) avec Air France pour essayer l’offre de WiFi qu’ils ont en test depuis 15 jours sur deux avions. Voici mes impressions !
Tout d’abord les infos : Air France a équipé avec OBS – Orange Business Services & la société GEE (Global Eagle Entertainment) deux avions Airbus A320 afin de tester le service de WiFi pour les passagers pendant une durée de trois mois sur des vols en court et moyen courrier (ceux qui durent généralement moins de 5h). L’équipement consiste notamment d’une antenne satellite installée sous un radôme et de bornes WiFi à bord ainsi que d’un système contrôlant l’orientation de l’antenne.
Le but de ce test est à la fois technique & commercial à savoir bien valider le fonctionnement de l’ensemble mais aussi voir quel est l’offre tarifaire idéale pour ce type de service.
C’est une installation différente de ce que j’avais essayé en 2013 sur un vol long courrier. Cette autre installation était commercialisée directement par Air France et derrière à la technique on retrouvait la société Panasonic. Panasonic a d’ailleurs pas mal d’expérience sur le sujet des équipements d’avions & du satellite.
Alors tout d’abord pourquoi le WiFi à bord
Et bien pour deux raisons, l’une évidente: l’ajout d’un service qui peut motiver les gens à prendre une compagnie plutôt qu’une autre, continuer de travailler pendant le temps de voyage.. surtout dans une époque où quasiment tous les outils de travail sont en ligne.. et l’autre pour fournir une bonne alternative aux IFE (In-Flight Entertainement). Les IFE c’est notamment les systèmes qu’on trouve dans les avions qui font des vols vers des destinations lointaines .. et sont visibles des passagers car les sièges intègrent des écrans :
Les IFE pèsent énormément et coûtent très .. très cher à mettre dans les avions (et ça tombe en panne et c’est vite dépassé). Une dépense pas forcément intéressante quand de plus en plus de passagers sont équipés de smartphones, tablettes et ordinateurs qui contiennent leurs propres films, séries.
Comment ça marche en un petit schéma simple. Ou deux.
Source : GoGo
Le système utilise les satellites sur la bande Ku (Kurz-unten) dont les fréquences sont comprises entre 10 & 18 Ghz. Sur cette fréquence il y a plus de 160 satellites en orbite.. et sachant qu’un satellite peut suffire à couvrir un continent ou un océan.. il y a de quoi faire.
Apparemment le débit qu’un avion peut obtenir avec un satellite Ku c’est jusqu’à 30 Mbps symétriques (c’est à dire en téléchargement et en envoi).. ce qui peut être augmenté à 70 Mbps en utilisant deux antennes Ku, un façon de faire justement utilisée par GoGo. Avec l’évolution vers le Ku HTS, il semblerait possible d’avoir plus de débit.
Techniquement d’ailleurs il semble que certains opérateurs de satellite fassent de l’optimisation en utilisant de compression, de cache & le prefetch (préchargement de pages et de contenu) en datacenter pour palier aux latences qu’induit le satellite:
Dans l’avion j’ai remarqué la présence d’un proxy mais n’ai pas vérifié quelles en étaient les fonctions.
On nous a mentionné que l’avion contenait 6 “antennes” WiFi (mais pas 6 bornes). Je n’avais pas sur moi l’équipement nécessaire pour voir comment ça fonctionnait mais en tout cas on captait bien.
L’offre Orange France + Air France et le fonctionnement à bord
Une des spécificités de ce “WiFi on board” c’est d’être utilisable même quand l’appareil est encore en porte d’embarquement, au sol et jusqu’à la porte d’arrivée. On parle de gate to gate. Donc un voyageur qui n’avait pas de data à l’étranger peut – dès qu’il est dans l’avion – se connecter.
Quand on cherche le WiFi sur son appareil on découvre tout de suite le réseau suivant :
En s’y connectant apparait ensuite le portail captif conçu par Air France & Orange pour cette offre :
Comme vous pouvez le voir dans les images il y a donc 2 offres complémentaires :
- Connect&Live liée au surf et à la TV (6 chaines proposées pendant l’expérimentation) qui coute 5 ou 10 euros par vol (5 euros sur un vol national, 10 sur l’international), qui donne accès à Internet et à 6 chaines en direct
- Divertissement un bouquet VOD & jeux vidéos qui lui coûte 6 euros
La partie que j’ai essayé c’est Connect&Live. Pour y accéder on a juste à faire un paiement par Paypal ou par carte bancaire, ou avoir un voucher. Dans le futur Orange voudrait intégrer le paiement sur la facture mobile.
Après avoir payé on accède donc à Internet et on reçoit un reçu par email. C’est là que j’ai profité de l’occasion pour un petit speedtest :
Notez bien que cela ne reflète pas le débit disponible par personne ou total sur l’avion: cela dépend clairement du monde qui sera en train d’utiliser le service en simultané puisque la bande passante disponible dans l’avion est partagée. C’est pourquoi les opérateurs de ce type de service (ici Orange) bloqueront probablement les services de streaming vidéo, le torrent et toute application très consommatrice de bande passante pour maintenir la “qualité de service”.
Le surf fonctionnait sans soucis particuliers pour mes voisins et moi sur le vol, expérience agréable qui fait passer le temps à la vitesse grand V. Déjà que le vol Paris-Genève est court!
Côté TV live, j’ai rapidement essayé sur le vol retour :
Une page web permet de choisir entre les 6 chaines (France 2/France 24/CN/BBC World News/Bloomberg/Eurovision).
L’affichage est possible en plein écran nativement et le système utilisé étant natif au navigateur Safari, j’ai pu faire du picture in picture sur l’iPad (comme ça). Sur France 2, il y avait quelques petites difficultés vidéo mais quand j’ai basculé sur France 24 le flux était plutôt propre. Pas en HD par contre, je suppose que cela consomme trop de bande passante.
Comme on peut le voir sur les captures, le système est interfacé avec l’avion dont il connait l’itinéraire, permet le suivi du vol et donne la météo à l’arrivée.
Sachant qu’il est possible de surfer et aussi de regarder la TV avec l’offre que j’ai essayé, Orange intègre sur les pages non sécurisées une petite barre d’outil (j’aime pas l’idée mais je comprends .. que techniquement c’est le seul moyen pratique de laisser les gens accéder à la TV s’ils ont fermé le portail orange).
Conclusion
J’ai eu accès à Internet durant l’ensemble du vol sans remarquer de coupures. Le tarif du service me semble raisonnable même si j’ai vu passer des messages disant que ça “devrait être gratuit parce que d’autres compagnies le font gratuit”. Surement les mêmes gens qui ne veulent pas payer la moindre application sur leur smartphone.
C’est un service optionnel et je ne suis pas trop choqué qu’il soit donc payant.
Le débit proposé pendant notre vol était élevé, supérieur même à ce qui est nécessaire pour faire du surf “classique“. Il faut voir ce que ça donne quand beaucoup de monde s’en sert à la fois mais ce cas de figure ne me semble possible qu’une fois que l’utilisation du WiFi en vol entre dans les moeurs.
Je n’ai pas pu essayer de voir si les VPN d’entreprise fonctionnaient car je n’avais pas mon ordinateur sur lequel ils sont configurés.
Et donc la réflexion classique que tout le monde se fait, même moi qui suis accro à mon smartphone (je le reconnais, c’est la première étape vers euh.. je ne sais quoi), l’avion c’était l’un des rares endroits où il est “facile” de se déconnecter car non ne peut pas faire autrement. Ce ne sera bientôt plus le cas!
Vous pouvez aussi lire les impressions de Guillaume Serries (ZDNet) qui était mon voisin à bord