Gonzague Dambricourt

Test : Vélo Angell Bike

Cela fait plusieurs mois que je devais l’essayer et j’ai enfin pu pendant quelques heures, faire un test de l’Angell Bike dans Paris. Le vélo, lancé par Marc Simoncini et Jules Trecco, designé par Ora Ito, devrait arriver chez les premiers clients à la fin du mois.

Premier test écrit du vélo Angell

Quelle est la promesse d’Angell?

Angell – d’après ses concepteurs – est le vélo à assistance électrique le plus sûr du monde. Pourquoi ils disent ça? Notamment à cause de l’antivol (tracker et alarme) qui y est intégré. Si vous voulez voir la keynote d’annonce de ce vélo, c’est par ici.

Vélo conçu et assemblé en France

Petite particularité – et ajout après publication – le vélo est assemblé en France, le cadre est coulé dans le sud de la France, la carte électronique faite en France et les moulages plastiques fabriqués en France. Il reste évidemment quelques composants asiatiques (le moteur, l’écran) mais c’est suffisamment rare pour le souligner.

Ma vidéo de prise en main / présentation / test rapide:

Désolé pour le problème de son .. les gentils gens qui m’ont filmé n’ont pas réussi à récupérer ça.. et ça sature fort fort. Mais les images sont superbes. Néanmoins continuez la lecture.. : la vidéo n’explique pas tous les problèmes que je trouve à ce produit.

Alors, ce vélo, qu’est-ce qui le résume?

Un VAE – Vélo à assistance électrique

L’Angell est un vélo à assistance électrique – VAE – c’est à dire équipé d’un moteur électrique de 250w de puissance nominale, assistant son utilisateur jusqu’à 25km/h.

Les particularités du Angell

Lié avec le smartphone de son propriétaire en Bluetooth Low Energy (BLE), à la façon de ses concurrents Vanmoof & Cowboy, l’Angell est donc un vélo connecté ou aussi appelé “Smart bike”.

Un vélo épuré, plutôt léger (mais pas tant que ça)

Côté technique il est très simple et épuré, un cadre en aluminium (très élégant et dont j’avoue que la finition m’a impressionné) , une fourche en carbone, des freins à disque hydrauliques Tektro.. et pas de vitesse. C’est le même parti pris que Cowboy: faire une assistance électrique vraiment intelligente et qui s’adapte aux conditions d’utilisation.

Le poids, l’argument qui pèse

Le site d’Angell n’affiche pas le vrai poids du vélo.. :


Combien pèse le vélo Angell Bike? L’Angell pèse environ 16.75 kilos dont plus 2 de kilos de batterie, ce n’est pas très lourd pour un V.A.E mais ça n’est pas aussi léger que ce que disent les publicités. Pour comparaison, le VanMoof S3 pèse 19 kilos, le Cowboy 16.9. Des utilisateurs se sont plaints d’un vélo pesant un total de 16.75 kilos!

Cela reste un poids à porter, vous ne ferez pas tous les jours 5 étages avec en le portant (mon vélo mécanique pèse 10.9 kilos, la différence est énorme). Sauf si vous êtes bien plus costaud que moi ce qui au final.. n’est pas improbable.

Assistance intelligente

Un tour dans Montmartre pour épuiser le moteur

Dans la présentation du vélo, il est dit que 70% de l’effort a été consacré au logiciel. Si initialement ce chiffre me fait un peu peur, il est vrai que pour faire une assistance agréable, il y a pas mal de travail logiciel..

Trois choses notamment vont venir jouer sur la façon dont le moteur vous aide :

Avec ces données ainsi que la vitesse actuelle etc, l’électronique va donc vous donner plus ou moins d’aide.

Le vélo qui n’avait pas de vitesses

L’absence de dérailleur ou de vitesses est perçue par de nombreuses personnes comme un problème, ça ne m’a pas choqué. C’est au moins assez simple et un composant en moins qui se dérègle (mais ça a des désavantages: dans une montée extrêmement forte, il faudra être physiquement impliqué pour .. avancer). Cela vient contribuer au côté simple & épuré. Le vélo concurrent Cowboy utilise le même principe: pas de vitesse.

L’assistance du vélo m’a semblé agréable. J’ai eu quelques bugs que je mets sur le compte d’un logiciel en cours de finition mais au global on se déplace de façon fluide et sans trop réfléchir. Le tout se fait dans un silence royal que j’apprécie beaucoup. Au niveau des modes “actifs”, l’un est dit “eco” pour prolonger l’autonomie, l’autre Dry est modéré et Fast est le plus puissant / réactif.

Et pas de courroie ..

Moteur et pédales sont liés par une chaine .. assez à l’ancienne, j’aurais ici beaucoup aimé voir une courroie, qui nécessite moins d’entretien et est peu salissante. La chaine force un peu Angell à vendre son vélo avec un carter de protection. Le Cowboy et de nombreux VAE récents sont équipés de courroie.

Le vélo est donné pour 70km d’autonomie, je n’ai pas pu vérifier ce chiffre. Il utilise une batterie 36V amovible dont j’ignore la capacité réelle. plus petite que la concurrente (504 Wh pour Vanmoof par exemple). Cela dépend évidemment de la topologie du terrain, du poids du cycliste et des conditions météo.

Il est agréable de pédaler sur le Angell de part son poids contenu et la transmission directe. On atteint – en y mettant du sien – la trentaine de km/h en vitesse sans que ça soit désagréable. Si on éteint le moteur (un des 4 modes d’assistance le permet), on n’a pas non plus l’impression de tirer une enclume.. en tout cas sur du plat. Ca a donc un petit côté fixie.

Confort

J’ai l’air détendu mais en fait l’alarme du vélo ne cessait de se déclencher

L’Angell n’embarque pas d’éléments spécifiques pour le confort on est donc très dépendants des pneumatiques 29 pouces Michelin Protek (anti crevaison & à flancs réfléchissants). Je n’ai pas pu essayer le vélo longtemps mais les trajets que j’ai fait avec m’ont semblé corrects. Sur les pavés c’est évidemment moins agréable.

Position de conduite? Sport.

On a une position de conduite assez sportive, sur l’avant . C’est proche du Cowboy sur ce point. C’est quelque chose que j’aime mais qui n’ira pas à tous. Si vous voulez rouler plutôt “coulé” / tranquille, il vaut mieux une position de conduite plus droite.

Le cockpit & le guidon

L’Angell est un des rares (ou le seul?) vélo à embarquer un écran tactile dans son guidon. Cet écran permet – en conjonction avec l’application mobile – de gérer les fonctions du vélo et d’afficher quelques informations comme l’heure, la qualité de l’air, la vitesse, le mode d’assistance en cours et surtout la navigation GPS.

La navigation GPS est un affichage étape par étape de votre itinéraire. Cela s’appuie sur l’application iOS/Android de la marque *et* sur le GPS du smartphone. En effet l’Angell n’utilise son GPS intégré qu’à des fins de tracking antivol. Sur la version du logiciel que j’ai essayé ça n’était pas encore parfait mais c’est une première .. et c’est logiciel donc je pense que ça ne peut que s’améliorer. Il n’est pas prévu de pouvoir entrer une destination directement depuis l’écran du vélo, on fait ça sur le smartphone.

L’affichage – comme on le voit sur la photo – vous indique la rue à venir et dans combien de temps il faut tourner.. et où (gauche droite etc). Le guidon comporte deux vibreurs qui vous indiquent aussi la direction. Cela évite d’avoir à tout le temps regarder l’écran.

Sur l’écran du “Cockpit” on peut aussi verrouiller le vélo, choisir le mode de fonctionnement des phares (automatique/on/off). En automatique, le vélo utilise un capteur de lumière placé à gauche de l’écran pour déterminer s’il faut ou non .. éclairer.

De chaque côté du guidon on trouve deux boutons personnalisables. Par exemple clignotants, klaxon (électronique), choix du mode d’assistance peuvent être assignés à ces boutons :

Enfin dernière chose, ce guidon avant intègre un phare “hyperbolique“. On reviendra sur ce terme.

La sécurité

Un gros focus est fait côté marketing sur le côté sûr et inviolable de ce vélo. A ce sujet il intègre :

L’alarme fonctionne sur un principe assez simple: si quelqu’un touche ou tente d’utiliser le vélo quand il n’est pas déverrouillé il va d’abord afficher une alerte puis se mettre à sonner de plus en plus fort. Sur la version que j’ai essayé il n’y avait pas encore la progressivité de l’alarme (elle sonnait fort directement).

Le propriétaire du vélo peut débloquer le vélo avec son smartphone ou un code PIN.

Si malgré l’alarme sonore quelqu’un décide tout de même de prendre le vélo , il n’aura plus d’assistance, sonnera et pourra être suivi à distance via l’application Angell qui affichera la position du vélo. Le vélo embarque une batterie cachée qui alimente ces composants même quand la batterie principale est enlevée. C’est dans ce cas de figure qu’est utilisé le GPS intégré au vélo.

A la différence du Vanmoof qui embarque une protection antivol physique (on peut bloquer physiquement sa roue arrière, très pratique pour aller faire une petite course sans sortir un gros cadenas), l’Angell ne se bloque pas. En revanche son suivi est disponible tout le temps alors que chez le Néerlandais il faut activer un mode spécial dans l’application.

Equipements de base & options

De base le Angell sera vendu avec un carter de chaine, une sonnette “mécanique”, des catadioptres, des feux avant/arrière classiques et tous les équipements nécessaires pour être en règle avec ce qu’exige la loi française. Des écrous anti vol pour les roues seront aussi fournis à priori.

Les accessoires disponibles en option sont assez nombreux :

Mon avis sur l’Angell

J’en ai essayé une version finale côté cadre et” prototype”pour la partie batterie et logicielle. Qu’est-ce que j’en retiens?

Je ne suis pas du tout convaincu à l’heure actuelle. Certes la partie “cadre du vélo” a une superbe finition (mais il semble de gros problèmes de qualité/durabilité chez certains clients), qui n’a rien à envier aux premiers modèles de chez Vanmoof à l’époque par exemple. Mais il y a certains points qui ne me vont pas.

Réinventer la roue n’est pas toujours une super idée

D’une part pour le parti pris du Cockpit, cet écran à l’avant du vélo… il me fait penser à ce qui se passe dans l’automobile: les clients utilisent leur smartphone avec Waze, Apple CarPlay… mais n’utilisent pas forcément beaucoup le système embarqué à la voiture elle-même. Ici c’est un peu le même phénomène, est-ce qu’Angell n’a pas voulu “réinventer la roue” avec cet écran plutôt que de permettre à l’utilisateur de mettre son smartphone?

Le smartphone a l’avantage d’une certaine puissance, grande taille d’écran, facilité de remplacement, pas d’élément fragile laissé sur le vélo quand il est stationné, facilité de mise à jour. C’est l’approche utilisée par le vélo Cowboy et qui me plait beaucoup. Je sais en revanche que ça peut être utile pour certains d’utiliser l’affichage en mode navigation que propose le vélo, et que ça réduit le risque qu’on vous vole votre téléphone à l’arrachée. C’est donc une partie du vélo qui va mal vieillir. Et qui fait que vous ne pouvez pas choisir le guidon de votre choix.

La batterie, où quand l’esthétique nuit à la pratique.

Ensuite il y a la batterie.. Ok c’est très joli sur les photos produit mais je crains que ça ne soit source de problèmes : elle augmente le centre de gravité du vélo (on cherche en général à l’abaisser, que ce soit en vélo, moto, auto). Elle est aussi plus exposée en cas de chute elle viendra prendre les chocs sur une chute latérale.. car elle va toucher.

Le modèle de batterie que j’avais en test n’avait pas la finition définitive qu’aura le vélo livré aux clients fin Juillet (qui aura notamment des feux plus diffus à l’arrière) mais ça ne change pas le principe et le problème. La batterie n’a d’ailleurs pas de poignée pour le transport c’est dommage. Et honnêtement je la trouve bien plus moche que ce qui avait été proposé à la base comme design. Dernier point, je suis sur que si quelqu’un s’assoit sur la batterie, elle s’abimera et son support avec. Bref ce choix me semble surtout design mais pas du tout pratique.

Un ami qui a essayé l’Angell est tombé avec et la batterie s’est fissurée puis .. s’est mise à se décrocher.

D’autre part Angell Bike – à l’heure de mon article – ne communique pas d’informations techniques complète sur la batterie.

Ma “critique” peut sembler dure mais elle m’a l’air argumentée.

Qu’est-ce qui est réussi sur ce vélo? L’assistance, je la trouve agréable. Mais ça, Cowboy l’avait déjà fait avant donc il n’y a pas de réelle innovation ici. Et le cadre comme je disais, finition magnifique.

Le prototype m’a donné une sensation de fragilité

Mais il n’en reste pas moins que le vélo m’a donné une certaine impression de fragilité (probablement cet écran et la batterie). J’aurais peur de le laisser dans la rue alors qu’avec un Vanmoof je n’ai aucune inquiétude. Et j’ai eu un peu peur de l’abimer si j’avais roulé trop fort. Encore une fois ce n’est pas le modèle totalement final.

Il y a aussi – dans le vélo que j’ai essayé – énormément de problèmes logiciels & de bugs qui rendaient l’écran peu agréable à manipuler, l’alarme se déclenchait toute seule etc.

C’est pour ça que j’ai pensé au côté Hyperbole: c’est une figure réthorique d’exagération et pour le moment, l’Angell me semble une hyperbole de lui même. Il y a un vrai projet je suppose derrière que de faire quelque chose de bien mais un ensemble de choix qui m’échappe un peu. Quand j’ai revu la présentation du vélo avec Ora Ito, je me suis dit que je n’avais jamais vu un designer aussi mal expliquer son projet et ses choix. D’ailleurs il dit lui même ne pas faire de vélo et ça n’est pas rassurant, une grosse partie de l’expérience à vélo ne vient pas que de son écran ou de son look futuriste. Et j’ai aussi du mal à voir ce qui a pris 3 ans car c’est d’après le story telling, le temps depuis lequel ils travaillent à ce produit.

J’ai l’impression que le vélo a été pensé à la base comme un ensemble de gimmick technologiques qui sont alléchants pour qui aime les gadgets mais est-ce que ceux-ci apportent quelque chose de fort et décisif à l’expérience utilisateur? Pas pour le moment à mon goût.

Par exemple sur le site d’Angell on lit “Mais ne vous fiez pas à sa petite taille, profitant d’un système de verrouillage automatique vous ne serez jamais inquiété par le vol de votre batterie.” mais il faudra la verrouiller avec une clef, je ne vois pas le côté automatique. On lit aussi “Connecter une batterie intelligente à un ordinateur de bord intégré au cockpit a été un énorme défi technologique” ça me semble très très exagéré car il n’y a là rien de spécial. Evidemment c’est du marketing et tout le monde exagère sa description de son produit, c’est le traditionnel “il est frais votre poisson?“. Mais peut être qu’il ne faut pas trop exagérer pour ne pas décevoir.

Là où le site n’exagère pas c’est quand on y lit “vous pourrez facilement l’exposer dans votre salon” car il est vrai que l’objet est beau, surprend et attire les regards. Mais si vous achetez un vélo uniquement pour le style, il existe déjà une offre pléthorique de vélos très originaux.

Le prix, trop élevé pour ce qui est proposé

Enfin parlons du prix, 2860 euros c’est – je trouve – bien trop élevé pour un vélo au final assez simple avec un moteur dans la roue (une pièce très peu couteuse). Pour cette somme, vous pouvez acheter un vélo de bonne facture avec moteur dans le pédalier, des gardes boue.. des vitesses comme le Moustache Lundi 27.1.

Donc c’est cher payer l’écran “Cockpit” dont l’intérêt me semble limité, l’évolutivité restreinte et la fiabilité incertaine.

Il reste aussi à Angell à faire ses preuves sur le service client. Impossible de les juger là dessus pour le moment il n’y a pas encore de vélos en circulation.

Bref: il y a encore pas mal de boulot côté logiciel pour moi sur ce vélo, à abattre assez vite car les premières livraisons ne devraient pas tarder après pas mal de retard et que décevoir les premiers clients c’est s’exposer à se priver des suivants. Et certains choix de conception que je ne valide pas seront impossibles à corriger sans changer fondamentalement le design comme par exemple l’emplacement de la batterie.

Parmi les clients de la marque, certains achètent leur premier vélo ils seront peut être moins critiques que moi mais si un jour ils essayent autre chose de plus “sérieux” ils pourraient déchanter quant à leur achat.

En tout cas merci à Angell de me l’avoir laissé essayer (on trouve assez peu de tests de ce vélo en ligne).

Retrouvez le vélo sur le site officiel de la marque ici : https://angell.bike , il est aussi possible de l’acheter à la FNAC.

Quelques exemples de problèmes rencontrés par les clients qui m’inquiètent :

Petite FAQ :

Combien coute le vélo Angell Bike?

Il coutait à la base 2690 euros et Angell a augmenté le prix à 2860 euros TTC, hors accessoires comme les garde boue.

Où est fabriqué le vélo Angell Bike?

Le vélo Angell est assemblé en France, son cadre et de nombreuses pièces sont fabriquées en France

A quelle date le vélo Angell Bike sera disponible?

Le vélo Angell a pris du retard dans son arrivée .. il devrait arriver chez les premiers clients fin Juillet, début Août 2020 mais beaucoup de clients attendent encore le leur.

Quelle est la capacité de la batterie du Angell Bike?

Apparemment, la batterie a environ 300 Wh de capacité mais pas de donnée officielle là dessus.

En quelle matière est la fourche du vélo?

Elle est en carbone tandis que le cadre est en aluminium.

La batterie du Angell Bike est-elle amovible?

Oui la batterie peut être enlevée (et devrait être enlevée) quand le vélo ne sert pas. Cependant la qualité de la serrure n’est pas extraordinaire.

Est-ce qu’il vaut mieux un VanMoof, un Cowboy ou un Angell?

Lisez le test et regardez la vidéo, vous devriez pouvoir vous faire un avis

Quel est le poids du Angell Bike?

L’Angell Bike semble peser 16.75 kilos, soit plus que les 13.9 kilos annoncés initialement sur le site de la marque.

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